Rencontre entre le Premier ministre et le Barreau : dialogue institutionnel ou exercice de façade ?

Ce lundi 1er septembre, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a reçu à la Primature une délégation du Barreau de Port-au-Prince pour discuter de l’avant-projet de Constitution. Une rencontre que le gouvernement présente comme une étape clé dans la quête d’un consensus national. Mais derrière cette apparente ouverture au dialogue, plusieurs observateurs s’interrogent sur la volonté réelle de l’Exécutif d’intégrer les forces vives de la Nation à un processus aussi sensible.
Au cours de cette réunion, la commission juridique du Barreau, composée notamment de Mes Josué Pierre-Louis et Bernard Gousse, a soumis son rapport d’analyse de l’avant-projet. Ce document propose une reconfiguration des équilibres institutionnels, tout en soulevant de nombreuses préoccupations au sein de la société civile.
Dans un communiqué publié à l’issue de la rencontre, la Primature a salué la contribution du Barreau et réaffirmé son engagement à associer les acteurs nationaux à la réflexion constitutionnelle.
Mais sur le terrain, le sentiment est tout autre. Pour plus d’un, cette réunion ressemble à un rituel déjà vu : des consultations tardives, autour d’un texte déjà largement rédigé, avec une participation limitée à quelques élites.
Dans un pays profondément marqué par la défiance envers ses institutions, chaque geste politique est scruté avec attention. Si cette rencontre peut être perçue comme un signe d’ouverture, elle reste loin de suffire à restaurer une confiance abîmée depuis trop longtemps. Car au-delà d’un simple réajustement constitutionnel, ce que réclament les Haïtiens, c’est une transformation en profondeur de la manière de gouverner : plus d’écoute, plus de transparence, et surtout, une participation réelle aux décisions qui engagent l’avenir collectif.