Laurent Saint-Cyr et Jean-Bertrand Aristide : un signal en faveur du dialogue national

Dans le silence stratégique des coulisses politiques haïtiennes, certains gestes parlent plus fort que les discours. Ce lundi, le président du Conseil présidentiel de transition (CPT), Laurent Saint-Cyr, s’est entretenu avec l’ancien chef d’État Jean-Bertrand Aristide, figure historique aussi influente que controversée. Officiellement, la rencontre s’inscrit dans une démarche de « dialogue et d’unité nationale ». Mais au-delà de la formule attendue, elle ouvre un espace de réflexion sur les conditions d’un véritable sursaut politique.

Dans un pays rongé par la fragmentation du pouvoir, les violences armées et une méfiance généralisée envers les institutions, toute tentative de rapprochement entre acteurs politiques majeurs revêt une portée particulière. Laurent Saint-Cyr affirme avoir trouvé chez Aristide un interlocuteur « franc et constructif », saluant l’échange avec une reconnaissance qui, dans le contexte haïtien, en dit long. Ce n’est pas seulement à l’homme politique qu’il s’est adressé, mais à ce que celui-ci incarne encore pour une partie du pays : une voix enracinée, une mémoire de la résistance, mais aussi les ambiguïtés d’un passé non soldé.

La tribune de cette rencontre fut également l’occasion d’aborder un sujet crucial : la sécurité. Saint-Cyr insiste sur son caractère incontournable, sans lequel toute perspective électorale resterait illusoire. Il a raison. Mais encore faut-il s’interroger sur les moyens réels à disposition du pouvoir de transition pour infléchir une situation sécuritaire largement hors de contrôle. L’anticipation d’élections dans un climat pacifié risque de rester un vœu pieux si les conditions minimales ne sont pas réunies — et rapidement.

Ce dialogue, aussi discret soit-il, a le mérite d’exister. Il esquisse une possibilité : celle d’un début de concertation nationale, d’un effort de mémoire et de consensus. Mais le symbole ne suffit plus. Il faut maintenant que cette volonté affichée de dialogue se traduise en actes concrets, visibles et inclusifs. Haïti n’a plus le luxe des promesses sans lendemain.

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