Haïti-Insécurité: Entre peur et faux espoirs, un retour à la maison sous menace

À Port-au-Prince, comme dans plusieurs zones du pays livrées à la violence, un nouvel appel trouble les consciences : celui lancé par Djimy Chérizier, alias Barbecue, chef du groupe armé Viv Ansanm. Dans une déclaration publique, il invite les milliers de déplacés haïtiens à rentrer chez eux.

Mais derrière ces mots qui se veulent rassurants, la peur reste intacte. Car pour les familles qui ont fui les violences, ce retour ne signifie pas un simple retour à la normale. Il s’agit d’un choix de survie dans un climat toujours instable. Revenir dans les quartiers qu’elles ont dû abandonner, c’est peut-être risquer la mort.

Beaucoup interprètent cet appel non pas comme un geste de paix, mais comme une stratégie calculée. Selon de nombreux témoignages, les gangs chercheraient à réinstaller la population dans les zones qu’ils contrôlent — non pour leur sécurité, mais pour en faire des boucliers humains. En les plaçant au cœur des territoires sensibles, ils espèrent dissuader les interventions policières ou militaires. Une tactique cynique, devenue tristement courante.

Dans ce contexte tendu, l’Ambassade des États-Unis a pris une position ferme. Dans un message sans détour, elle déclare : « Les gangs terroristes détruisent Haïti. Ils sont comme un cancer, ils détruisent les maisons et les quartiers, tuent des innocents et ont provoqué le déplacement de plus de 1,3 million de personnes. La sécurité d’Haïti est importante pour les États-Unis. Nous voulons la paix. Quant aux gangs terroristes, ils n’en veulent pas. »

Cette sortie marque un tournant. Elle confirme l’ampleur de la crise actuelle, mais surtout, elle pointe un fait fondamental : il ne peut y avoir de paix durable sans sécurité réelle. Tant que les groupes armés continueront à imposer leur loi par la terreur, tout “retour à la maison” ne sera qu’un mirage, un déplacement forcé maquillé en retour volontaire.

Les Haïtiens ne demandent pas des slogans, mais des garanties de protection, une justice qui fonctionne, et un État présent, capable de reprendre le contrôle. Sans cela, il ne s’agira jamais de paix, seulement d’un silence imposé par les armes.

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