Accord entre l’État haïtien et Erik Prince : une véritable gifle à la souveraineté nationale

L’annonce a eu l’effet d’une bombe. Dans une interview exclusive accordée à Reuters, Erik Prince, ancien patron de Blackwater et figure emblématique de la galaxie Trump, révèle avoir signé un contrat de dix ans avec l’État haïtien, confiant à sa société, Vectus Global, un double mandat : mener une guerre armée contre les gangs qui ravagent le pays et, surtout, prendre le contrôle du système de perception fiscale aux frontières avec la République dominicaine.
Cette annonce a provoqué une levée de boucliers dans le pays. Au-delà des considérations éthiques, plusieurs observateurs s’interrogent sur la légalité et la légitimité d’un tel accord.
Dans un pays privé d’institutions démocratiquement élues et dépourvu de contre-pouvoirs opérationnels, comment un tel accord a-t-il été validé ? Et par qui ?
De l’avis du sociologue Frédéric Boisrond, le Conseil présidentiel de transition, ne disposant d’aucune légitimité démocratique, ne saurait autoriser une firme étrangère à percevoir les taxes et impôts sur le territoire haïtien. « Il me semble que seul un gouvernement élu peut soumettre une telle proposition à des parlementaires », a-t-il écrit.
Cet accord révèle bien plus qu’un contrat de sécurité : il dévoile les mécanismes obscurs du démantèlement progressif de la souveraineté nationale, au profit d’intérêts privés et de puissances étrangères.
Et dans ce jeu macabre, les gangs, tenus pour responsables du chaos installé dans le pays depuis plusieurs années, ne sont que des pions, manipulés, tolérés, voire armés pour justifier des interventions extérieures.